NE PAS JUREZ (Jacques 5:12)
(prêché à Glain, dimanche le 19 novembre 2006) (54)
(retranscrit dans un style parlé)
PREMIERE PARTIE
INTRODUCTION
C passage de Jacques est souvent cité par certains, qu’un chrétien ne peut pas jurer sur la Bible ou prêter serment, mais malheureusement il est souvent utilisé hors de son contexte. Il est généralement employé pour répondre à cette exigence légale de prêter serment devant un juge. Le premier responsable anabaptiste Menno Simons insistait qu’il ne fallait pas prêter serment devant les autorités légales parce que le Seigneur Jésus en avait donné l’ordre dans Mat.5:34: “moi, je vous dis de ne jurer aucunement.” Quant à George Fox, qui fut le premier dirigeant de la Société des amis mieux connu sous le nom de Quakers, il refusait lui aussi de prêter serment devant un juge. Il sera jeté en prison pour avoir refusé de prêter serment sur la Bible. Il réfutait l’idée en disant: “ vous m’avez donné ce livre pour prêter serment et ce livre que vous m’avez donné pour embrasser dit, “embrasses le Fils” et le Fils dit dans ce livre “moi, je vous dis de ne jurer aucunement”. Je répète les paroles du livre, et malgré tout, vous me jetez en prison.” Nous pouvons admirer les convictions et le courage de Menno Simon et de George Fox mais le contexte d’aujourd’hui pour prêter serment n’a rien à voir avec le contexte dans lequel on le retrouve à l’époque de l’apôtre Jacques ni avec les paroles du Seigneur. Même Jésus à parler sous serment devant Caïphe et le Sanhédrin lorsque le grand-prêtre prononça ces paroles arrogantes: “Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu.” Une telle interpellation laissait sous-entendre l’idée de confirmer par un serment qu’il était bien le Fils de Dieu. Jésus va répondre en disant: “De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel” (Mat.26:63-64).
Nous voyons que cela ne concerne aucunement l’aspect juridique, mais se réfère plutôt avec la conversation que nous avons tous les jours avec les gens que nous rencontrons. Je pense, que nous pouvons dire que le vrai test de ce que nous disons, vient lors d’une conversation ou d’une relation de tous les jours plutôt que lorsque nous comparaissons devant le tribunal. Si notre langage quotidien est sans ambiguïté et honnête, alors témoigner sous serment devant un tribunal ne sera pas un problème.
Il y en a peu parmi nous qui serons un jour appelé à comparaître devant un juge pour prêter serment “afin de dire toute la vérité et rien que la vérité”. Cependant, nous sommes tous appelés à chaque jour à dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité avec ceux que nous rencontrons. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, parce qu’un esprit de malhonnêteté dirige notre société aujourd’hui. Jacques nous rappelle que ce qui doit caractériser le chrétien, c’est un langage honnête plutôt qu’un langage tordu qui appartient à ce monde. L’appel qui repose sur les chrétiens, c’est d’être intègre dans toutes ses paroles. Pourquoi est-ce si essentiel pour nous? Examinons l’enseignement que Jacques nous transmet sur le langage honnête que les chrétiens doivent manifester en tout temps..
I- LE PROBLÈME TRANS-CULTUREL
Nous reconnaissons qu’il peut exister plusieurs problèmes mentionnés dans la Bible qui font référence à des questions d’ordre culturel particulièrement typiques du premier siècle et qui ne correspondent pas à ceux que nous vivons aujourd’hui. Dans un tel cas, nous sommes capables de découvrir les principes enseignés et en faire une application appropriée pour nous chrétiens du vingt et unième siècle. Le lavement des pieds, l’obligation du soldat de transporter sa charge sur une certaine distance sont deux exemples que nous ne rencontrons pas dans notre culture aujourd’hui, voilà pourquoi nous devons faire une application appropriée de ce principe. Tel n’est pas le cas dans notre texte.
Nous avons clairement ici une référence d’une pratique trans-culturelle de ne pas prêter serment dans une conversation. Les premiers Juifs pouvaient exercer cette pratique un peu différemment de nous, mais les ressemblances permettent que cet enseignement dépasse les cultures pour parler d’un problème qui est sérieux de nos jours.
Dans cette épître, Jacques s’est attardé longuement sur le problème de la langue. Il a de plus parlé des péchés de la langue comme aucun autre péché dans cette lettre. Il a exhorté ces lecteurs à être “lents à parler” (1:19), de “parler et d’agir comme devant être jugés par une loi de liberté” (2:12) et éviter de parler pour rien dire: A quoi sert-il de dire à quelqu’un, “allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il?” (2:16). Il explique que ceux qui enseignent, seront jugés plus sévèrement pour la responsabilité qu’ils occupent (3:1). Il compare la langue à “un petit feu qui peut embraser une grande forêt” (v.5b), disant que “c'est le monde de l'iniquité” (v.6a), “c'est un mal qu'on ne peut réprimer; elle est pleine d'un venin mortel” (v.8b). De plus, ce sont les paroles arrogantes et le coeur animé d’un esprit de dispute qui provoquent des divisions dans l’Eglise (v.14 et 4:2). Voilà pourquoi nous sommes invités à ne pas parler les uns contre les autres, à ne pas être présomptueux dans nos paroles et à ne pas nous plaindre les uns des autres (4:11; 414ss; 5:9).
Jacques déclare: “Avant toutes choses, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment” (v.12a). En commençant sa phrase en disant, “avant toutes choses” Jacques amène son enseignement sur la langue à son point culminant. A cause de sa vénération pour la majesté du nom du Seigneur et la conscience d’être intègre dans la vie chrétienne, il fait cette exhortation: “avant toutes choses.” Car si avant toutes choses, nous apprenons à garder notre langue pour l’édification commune, nous n’aurons jamais besoin de prêter serment pour confirmer que nous disons la vérité lorsque nous nous adressons à notre prochain.
1.1) L’art raffiné du serment
A travers leurs paroles, le Seigneur Jésus et Jacques avaient en tête une pratique qui était fréquente parmi les Juifs de cette époque. L’avertissement “ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment” est un passage en parallèle à Matthieu 5:33-37: “Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens: Tu ne te parjureras point, mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment. Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu; ni par la terre, parce que c'est son marchepied; ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu. Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y ajoute vient du malin.”
Il faut rappeler que dire la vérité au premier siècle n’était pas une pratique qui durait longtemps. Ce qu’un homme avait dit ne reposait pas nécessairement sur quelque chose de solide, c’est pourquoi les hommes recouraient aux serments afin de donner plus de crédibilité à ce qu’ils venaient de dire. Ainsi, lorsqu’ils discutaient affaire, de la température, de l’agriculture ou même d’une question d’ordre religieuse, ils rehaussaient leur affirmation en l’accompagnant d’un serment. “Par le temple de Jérusalem, je te dis que telle ou telle chose vont arriver”. En se référant au temple, cela était sensé renforcer l’affirmation qu’il venait de faire.
Malheureusement, les Pharisiens avaient tellement appris à fendre les cheveux en quatre lorsqu’il était question d’nterpréter la loi, qu’ils avaient enseigné aux hommes comment contourner leurs serments. Quelqu’un pouvait prêter serment par le temple et aussi longtemps qu’il ne jurait pas par “l’or” du temple il pouvait s’en sortir en soutenant qu’il était quand même fidèle à ce qu’il avait dit. La même chose se produisait lorsque quelqu’un jurait par “l’autel du temple” en opposition à l’offrande qui se trouvait sur l’autel. Dans Matthieu 23:16-22, Jésus a réprimandé les Pharisiens qui enseignaient l’art raffiné du serment sans avoir l’intention de dire la vérité: “Malheur à vous, conducteurs aveugles! qui dites: Si quelqu'un jure par le temple, ce n'est rien; mais, si quelqu'un jure par l'or du temple, il est engagé. Insensés et aveugles! lequel est le plus grand, l'or, ou le temple qui sanctifie l'or? Si quelqu'un, dites-vous encore, jure par l'autel, ce n'est rien; mais, si quelqu'un jure par l'offrande qui est sur l'autel, il est engagé. Aveugles! lequel est le plus grand, l'offrande, ou l'autel qui sanctifie l'offrande? Celui qui jure par l'autel jure par l'autel et par tout ce qui est dessus; celui qui jure par le temple jure par le temple et par celui qui l'habite;
et celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis.”
C’est pourquoi une personne ne devait “jurer ni par le ciel, ni par la terre, ou par aucun autre serment” parce qu’elle utilisait quelque chose que Dieu avait créée comme moyen pour soutenir son manque de sincérité. C’est cette sorte de jonglage verbal que Jacques et notre Seigneur rejetaient.
Est-ce que ce problème existe dans la société aujourd’hui? Je me souviens d’une conversation que j’ai eu avec un adolescent il y a plusieurs années et que je ne connaissais pas vraiment. Je lui ai donner certaines informations et le jeune homme a rajouté, “est-ce que vous le jurez”? Il ne me connaissait pas et je ne le connaissais pas, mais la question qu’il m’a posée me démontrait qu’il était plus habitué à entendre les gens dire des mensonges que dire la vérité.
1.2) l’art raffiné de dire la vérité quand bon nous semble
Les petits enfants sont tiraillés pour dire la vérité. C’est ainsi qu’à un moment donné, quelqu’un a conçu une pratique superticieuse que vous pouviez mentir tant et aussi longtemps que vous aviez les doigts croisés dans le dos. D’une certaine manière, le fait de croiser ses doigts éliminait la responsabilité d’être sincère et annulait tout effet de mentir. C’est l’art raffiné de dire la vérité quand bon nous semble qui domine notre société aujourd’hui.
Jacques déclare, “ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment”. Les conversations que nous avons les uns avec les autres ne doivent pas se limiter à être acceptables pour ceux qui y participent, mais à être sincères. Que quelqu’un vous croit ou pas ne doit pas être la question, ce qui importe le plus, c’est qu’en tant que chrétien nous devons manifester le caractère de Jésus-Christ en “professant la vérité dans la charité” (Eph.4:15).
Nous pouvons affirmer que la sincérité des paroles a été rabaissée dans la vie publique ces trente dernières années. Nous en avons eu l’exemple avec les télévangélistes qui ont menti ouvertement à propos de leur situation financière, de leur comportement moral et de différentes pratiques exercées au sein de leur ministère. Nous avons pu constater ce fait dans les plus hautes instances politiques américaines lorsque le président Nixon a dû confesser publiquement qu’il avait menti dans l’affaire du Watergate. En agissant ainsi, il a publiquement confirmé qu’il ne disait pas la vérité en tout temps lorsqu’il s’adressait à la nation. Ce qui lui importait, ce n’était pas de dire la vérité, mais de faire croire à la nation qu’il était sincère dans ce qu’il disait, laissant croire qu’il disait la vérité. Malheureusement, l’honnêteté n’occupe pas toujours la première place lorsque vient le temps d’aborder des sujets éthiques ou moraux.
Le problème avec cette pratique, c’est que nous en sommes venus à croire que si nous tordons légèrement la vérité, alors cela suffit. Nous pouvons manipuler librement les faits et laisser sentir que nous sommes honnête aussi longtemps que la fin justifie les moyens, mais une telle malhonnêteté trahit notre Seigneur Jésus-Christ qui est identifié comme étant “la vérité” et qui sera reconnu comme tel lorsqu’il reviendra comme étant Celui qui est “Fidèle et Véritable” (Apo.019:11).
CONCLUSION
Jacques rappelle au chrétien qu’ils ne sont pas appelés à jurer pour confirmer
qu’ils disent la vérité lorsqu’ils parlent. Ils doivent imiter leur Sauveur et dire toujours la vérité peu importe le prix que cela peu coûter parce qu’ils ont reçu l’Esprit de Vérité. le vrai test de ce que nous disons, vient lors d’une conversation ou d’une relation de tous les jours plutôt que lorsque nous comparaissons devant le tribunal. Si notre language quotidien est sans ambiguité et honnête, alors témoigner sous serment devant un tribunal ne sera pas un problème.
Rappelons-nous les paroles du sage dans Proverbes 8:7-13: “Toutes les paroles de ma bouche sont justes, elles n'ont rien de faux ni de détourné; Toutes sont claires pour celui qui est intelligent, et droites pour ceux qui ont trouvé la science. Préférez mes instructions à l'argent, et la science à l'or le plus précieux; car la sagesse vaut mieux que les perles, elle a plus de valeur que tous les objets de prix. Moi, la sagesse, j'ai pour demeure le discernement, et je possède la science de la réflexion. La crainte de l'Éternel, c'est la haine du mal; l'arrogance et l'orgueil, la voie du mal, et la bouche perverse, voilà ce que je hais.”